Dans mon travail, je peins sur le tissu, je dessine tantôt au feutre, tantôt au fil, je cherche les vibrations de la matière textile à travers le soleil, le vent et la pluie ; je le trempe, le découpe et l’assemble pour composer librement, à la manière d’un collage. Je travaille sur les couleurs et les formes, essentiellement à partir de tissus unis récupérés – les rares motifs que j’intègre dans mes compositions textiles sont ceux de marques, de tâches ou de moisissures liés aux aléas du temps et à l’histoire propre à chaque chute de tissu – et ainsi une juxtaposition des temporalités et des histoires se met en place.

Je revisite la méthode dite du patchwork, pratique du dénuement et intimement liée au care, ou comment recoudre, reconstruire et prendre soin. Dans la composition, tout fonctionne par morceaux, comme on construit un texte : les mots doucement cherchent leur place, le travail de la langue reposant beaucoup sur l’assemblage, le bricolage, le découpage, la transformation permanente.